Une brève histoire des OKR

De l’entreprise à l’impact responsable

Dans cette brève histoire des OKR, découvrez l’évolution des OKR depuis leur création dans les années 70 jusqu’à leur adoption pour soutenir la responsabilité sociale et environnementale, en passant par les approches produit et agile. Car si les OKR (Objectifs et Résultats Clés) existent depuis plus de 50 ans, ils ont évolué au fil du temps, avec des approches différentes se succédant.

L’évolution des OKR d’entreprise

Les OKR ont été introduits début des années 70 par Andrew Groove chez Intel, comme une évolution de la gestion par objectifs. Les cabinets de conseil en stratégie ont rapidement adopté les OKR pour piloter et mesurer la performance des entreprises.

Les OKR sont utilisés à la fois au niveau stratégique de l’entreprise et au niveau des équipes. Ce sont des initiatives portées par les exécutifs pour exécuter la stratégie et mesurer la performance de l’entreprise. Le livre de référence sur le sujet est « Mesurez ce qui compte » de John Doerr, bien qu’il date un peu.

On les retrouve aussi portés les responsables des ressources humaines. Et  malheureusement, ils sont quelquefois utiliser pour mesurer l’évaluation individuelle des performances, accompagnés d’OKR individuels.

L’adoption des OKR Produit

La communauté produit a ensuite adopté les OKR, principalement pour les produits numériques. Dans les années 2000, les OKR se sont largement répandus dans l’écosystème des startups de la Silicon Valley, souvent à la demande des VC pour suivre la progression du business, et pour les dirigeants pour rester focus. Le livre « Radical Focus » de Christina Wodtke en est un exemple emblématique.

Une startup centrée se concentre sur un seul produit. Il est donc logique que les OKR soient désormais appliqués au niveau du produit. L’objectif reste d’exécuter la stratégie, mais cette fois-ci, il s’agit de la stratégie liée au produit. Tiphanie Vinet et Laurence Wolff en parlent dans leur livre blanc Piloter par l’impact.

Les OKR pour soutenir les transformations

Bien que les OKR soient connus depuis longtemps, la communauté agile commence lentement à les adopter, depuis quelques années seulement.

Selon moi, il y a trois raisons principales qui expliquent cette adoption plus lente :

  1. La maturité des méthodes agiles
    Mettre en place l’agilité au niveau opérationnelle a d’abord été naturellement privilégiée avant d’adresser les problématiques liées à l’exécution de la stratégie agile. Mais les méthodes Agiles, telles que Scrum et Kanban, ont atteint un plafond pour transformer l’organisation dans son ensemble. Il est maintenant temps de passer à la dimension supérieure pour en toucher les bénéfices business.
  2. Les défis de l’identification des OKR d’équipe dans un monde informatique
    L’agilité est née dans le domaine de l’informatique et du développement logiciel. Identifier des OKR d’équipe dans un environnement informatique est un défi : comment avoir un impact sur le comportement ou sur l’utilisation des produits lorsque les utilisateurs sont trop éloignés de l’équipe ? 
    Pour que les OKR opérationnels aient un sens, il est nécessaire d’interagir directement avec les utilisateurs (et pas seulement leurs représentants), via des impact ou feature teams.Le livre d’Allan Kelly, Réussir avec les OKR en Agile, aborde ce sujet.
  3. Utilisation des OKR comme support à la transformation agile des organisations
    C’est la nouveauté ! Anne Gabrillagues en parle lors de ses conférences, avec des OKR transformatifs visant à avoir un réel impact sur l’organisation. Ces OKR sont les indicateurs, non pas de la performance de l’entreprise, mais de la performance de la transformation.

Vers des OKR d’impact responsable

L’avenir des OKR se tourne vers les OKR à impact responsable, qui servent les enjeux de responsabilité sociale et environnementale (RSE). Tiphanie Vinet, à nouveau, en parle dans son article L’approche par impact au service des enjeux responsables.

“La réussite des ambitions et des impacts de notre stratégie, est-elle réellement un succès, si il n’y a pas de prise en compte des enjeux responsables comme condition de réussite ?”

Alice Barralon soulève également des questions sur la responsabilité des entreprises vis-à-vis des enjeux sociétaux et climatiques dans son article LinkedIn : Il est plus que temps d’aligner les flux. Elle pose clairement la question :

De nombreux frameworks agile introduisent les concepts de #ProductGoal#PIObjectives#OKR mais quid de l’objectif climatique #EnvironmentalGoal ?

Pour conclure

Cette évolution semble naturelle mais il a fallu d’abord sortir de la logique des objectifs financiers pour la permettre. Elle devient logique lorsque l’on positionne les OKR dans un contexte d’exécution de la stratégie. Car on cherche un changement du business au comportement des utilisateurs de nos produits ou de nos services.

Et ce changement commence souvent en interne, par des transformations ou des évolutions de l’organisation. Et aujourd’hui, la stratégie dépasse le simple business pour suivre son impact, son empreinte sur nous et notre monde.

Utiliser un même concept pour suivre ces éléments est cohérent.

Et vous ?

Quelle suite donneriez-vous à cette brève histoire des OKR ?